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23 mars 2010 2 23 /03 /mars /2010 01:29

« Toi, t’es pas d’ici, dit-il.

J’entrevis un collier autour de son cou.

- D’où tu viens, petit ? 

- J’arrive de Chicago. Mais je suis français.

- Ouais, ouais, j’ai reconnu l’accent… Quel bon vent t’amène dans l’Ohio ?

- J’vais à Washington… à vrai dire, je ne sais pas vraiment où je vais.

- Ah… t’es un beatnik. Intéressant, petit, affirma-t-il.

- A ma façon, avouai-je sans grande conviction. Disons que je suis comme cette feuille que le vent pousse. Je ne sais jamais où je vais atterrir…

Il était calme et attentif. J’avais l’impression qu’il était dans un état de transe à l’instar d’un junkie qui vient d’injecter sa dose. Il remarqua mon calepin posé sur la table :

- Qu’est-ce que tu écris dans ce cahier ?

- Oh ! Je note mes pensées, mon parcours… tout ce qui me passe étrangement par la tête.

- Vraiment ? C’est marrant, j’ai aussi un petit carnet que je traîne… Oui, j’écris des poèmes et des chansons. En réalité, je suis poète.

- Un biker poète ? m’étonnai-je. On n’en voit pas tous les jours.

- Ils me traînent, c’est tout, dit-il en désignant les angels.

- En tout cas, j’apprécierai de vous lire.

- J’sais pas trop petit… Personne n’a jamais lu mes poèmes, tu sais. Pas mêmes ces cavaliers de la tempête. Si t’as le courage, va jusqu’à Los Angeles. Là-bas, trouve-toi une chambre à Venice. En face de l’océan, de préférence. C’est un coin parfait pour les petits comme toi, pleins de rêves… »

 

Il quitta ma table et disparu à jamais.


Guillaume Duhan

 

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20 mars 2010 6 20 /03 /mars /2010 19:04
« Le soleil éternel de Californie dominait le dernier bastion hippie au monde et les derniers insurgés fréquentaient ces troquets surchargés d’affiches et de pochettes de vinyles. Les jeunes hippies comme Robby s’habillaient chez les aînés, cinquantenaires aux lunettes circulaires et aux sarouels, témoins d’une époque révolue. Ils se tatouaient chez les monstres à peau de métal. Ils déjeunaient au Golden G Park entre amis, puis remontaient jusqu’à Amoeba Music. Là-bas, ils achetaient deux où trois albums et rejoignaient le dernier étage d’une maison. Le disque noir tournait tandis que les toxines d’ecstasy, de salvia où d’acide se frayaient un chemin dans les veines de ces jeunes illuminés. La porte d’entrée du paradis se trouvait à Haight Ashbury. »



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13 mars 2010 6 13 /03 /mars /2010 03:40

« Quand je n’arrive pas à trouver le sommeil, je déambule en pleine nuit dans les rues vides. 

C’est durant une de ces soirées que mon téléphone vibra. Un numéro masqué.

- Allo ? décrochais-je.

Aucune réponse. Aucun son.

- Allo ?

- Guillaume ? demanda une voix masculine.

- Lui-même.

- C’est Bill.

- Bill ! m’exclamai-je avec étonnement. Je ne m’attendais pas à t’avoir au téléphone.

Je n’avais pas eu de ses nouvelles depuis des mois. Notre conversation se poursuivit en anglais.

- Ouais, je sais. J’étais en voyage, j’ai pas pu te contacter plus tôt…

- Encore l’aventure ?

- Encore et toujours l’aventure, mon pote.

- Et tu n’as pas pensé à embarquer ton vieil ami français ?

- J’aurai pu te caser dans une de mes bagages c’est vrai. Mais tu n’aurai pas passé la frontière bolivienne !

- Raconte-moi, escroc d’amerloc.

- En fait, je t’appelle pour autre chose.

[...]

Je sentais venir le « quelque-chose » qui pointe le bout de son nez lorsque les conversations de routards en viennent à ce point. Ce truc qui vous dépasse, c’est le destin qui influe sur vous. Impuissant, vous assistez au spectacle.

- Euh, c'est-à-dire…

- Ca te dirait de venir aux U.S. ?

Silence. Réflexion. Décision.

- C’est pas l’envie qui m’en manque mais les derniers euros qu’ils me restent sont dans ma poche actuellement. Celle de droite. Et tu vois, ils se sentent seuls parce qu’ils ne sont que cinq. Le billet s’est fait la mal cette après-midi en échange de psychotropes puissants. Je me vois mal expliquer à mon banquier qu’un signe moins va s’imposer sur mon compte…

« Non, mon pote, j’apprécie vraiment ton offre. Je dois refuser.

Il soupira.

- Avec vous les français, tout est compliqué!

- Désolé, mon pote…

- Je savais que tu allais trouver une excuse. Alors j’ai dû prendre les choses en main, tu comprends ? J’me suis occupé de tout. Je t'ai pris des billets...

 

- C’est une blague ?

- Jeudi prochain à dix heures du matin, tu embarques pour Chicago.

- T’as pas fait ça ?

- Bien-sûr que je l’ai fait. Tu vas recevoir ton billet dans la semaine. Rassure-moi, tu as toujours ton passeport ?

L’image de mon passeport au fond du congélateur me revint à l’esprit.

- Euh… oui je l’ai. Mais Bill. J’peux pas débarquer comme ça.

- Bordel, Guillaume ! On ne vit qu’une fois. La route nous attend!

- J’avais pas prévu de venir, ce n’est pas la porte à côté…

- Allo ? Allo, Guillaume ?

Je savais que ce salaud simulait.

- Vraiment, j’ai du mal à te recevoir…

- Enfoiré d’américain, chuchotai-je.

- On s’est compris. Je t’attendrais à l’aéroport.

Il raccrocha. »

 

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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 00:25

"HMM. Hawaiian Magic Mushrooms. Ce soir, l’île est si proche de nous. J’ai avalé ces champignons et mon estomac s’est embrasé. Il est lourd et m’enfonce dans le canapé. Je perds toute légèreté. Les vents chauds battent le flanc droit de ma jambe. Mon corps s’amollit et mes membres s’allongent. Tandis qu’une explosion de couleurs tâche la pièce entière. Un filtre voile ma vision. Je me lève et je semble être à onze mètres au-dessus du sol. Des lignes s’élancent de mes pieds et traversent les murs. Elles quadrillent l’appartement. La tête de Wilfried s’anime sur le comptoir ; il n’a plus de corps ! Quand tout-à-coup, je suis aspiré par le plafond. En réalité, je suis à côté du guitariste qui tient son instrument sur ses genoux. Il a de grands yeux, la peau rouge et tout ce qui l’entoure est jaune. « Je te sens énervé, reste cool, lance-t-il. » Il a raison. Je me calme et je plonge dans un état de transe. Lui il est le charmeur de serpent, moi le cobra. La musique s’engouffre dans mes oreilles et se déforme. C’est le médecin qui la manipule. Il l’interrompt et la joue à nouveau. J’entends quelqu’un dans la chambre froide. Alors que le temps s’arrête, nous entrons en communion tous les quatre. J’attrape une banane. Je commence à la manger. Elle est interminable. Elle s’étire. Elle pousse. Encore et encore. Je suis persuadé qu’elle vient de la Martinique néanmoins je n’en suis pas sûr. Jusqu'à ce qu’un type qui lévite à la fenêtre me le confirme. Wilfried jette la peau. Je m’effondre en pleurs. Je contiens le monstre en moi dans les mots que j’écris. Mais la feuille est mouillée. L’encre se disperse et disparaît. La feuille l’absorbe. La feuille veut rester vierge. On regarde à nouveau l’heure et on éclate de rire. Je vais à la fenêtre. L’extérieur est fascinant. Le monde entier est une fourmilière. Le serpent maléfique transporte les êtres au loin. Les arcades de la place Bergonié deviennent une pièce de théâtre. Les personnages costumés et masqués se meuvent sous la lumière et des ombres gigantesques se projettent sur la façade. Je sais au fond de moi que ce monde n’existe pas. Qu’il s’arrête derrière ces murs. Qu’au bout de ce long couloir sombre, il n’y a rien. Qu’une fois cette porte franchie, la mort nous attend. Dans son habit noir, elle nous fixe. Droite, immobile et patiente. Elle guète notre faux pas..."

 

Guillaume Duhan

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